C'est pas moi, c'est eux
Les forces politiques qui ont décidé la censure de François Bayrou et les forces politiques qui ont joué la déstabilisation de Sébastien Lecornu sont les seuls responsables de ce désordre.
Source AFP : https ://youtube.com/shorts/iwBqWXHZpOg ?si=XFWeoy0DlQBnlY2n
Petite remise en contexte
Censure du gouvernement Barnier
Le 2 décembre 2024 Michel Barnier, alors premier ministre, engage la responsabilité du gouverment en utilisant l’article 49.3 de la Constitution sur le PLFSS. Le 4 décembre 2024, une motion de censure est adoptée, Michel Barnier remet la démission du gouvernement le lendemain. Pour rappel, l’article 49 alinéa 3 de la Constitution dit :
Le Premier ministre peut, après délibération du conseil des ministres, engager la responsabilité du Gouvernement devant l’Assemblée nationale sur le vote d’un projet de loi de finances ou de financement de la sécurité sociale. Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues à l’alinéa précédent.
Les conséquences de l’adoption d’une motion de censure sont définies à l’article 50 :
Lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de censure ou lorsqu’elle désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du Gouvernement, le Premier ministre doit remettre au Président de la République la démission du Gouvernement.
C’est pas une surprise : les premiers ministres qui utilisent l’article 49.3 connaissent les conséquences.
Censure du gouvernement Bayrou
François Bayrou convoque une session extraordinaire de l’Assemblée Nationale le 8 septembre 2025, dans le but de soumettre son gouvernement à un vote de confiance, conformément à l’article 49 alinéa 1 de la Constitution. Il n’emporte pas la confiance de l’Assemblée.
Les propos d’Emmanuel Macron
Les forces politiques qui ont décidé la censure de François Bayrou et les forces politiques qui ont joué la déstabilisation de Sébastien Lecornu sont les seuls responsables de ce désordre.
Depuis trop longtemps, les ministres qui ont recours à l’article 49.3 de la Constitution pratiquent une forme de chantage institutionnel : si vous censurez le gouvernement, ça va provoquer une instabilité politique. Mais la censure du gouvernement est prévue par la Constitution, non pas comme un danger, mais comme une sécurité démocratique qui, malgré tous les défauts de la Constitution de la Ve République, garantit un certain pouvoir à l’Assemblée, composée des représentants du peuple, élus – contrairement aux ministres.
La censure du gouvernement Bayrou est la première de la Ve République lors d’un vote de confiance.
On ne peut pas dire que les parlementaires, les « forces politiques » dont parle Macron, causent tant d’instabilité politique dans le pays en censurant les gouvernements…
Conclusion : la réalité
Il est évident que quand on veut faire passer en force à l’Assemblée des mesures impopulaires auprès du peuple ou auprès de ses représentants, on assume de prendre le risque de se faire censurer.
Le chantage affectif « Si tu me quittes je vais faire une connerie » est déjà toxique dans un couple, comment ne le serait-il pas au plus haut niveau de l’État ?
Faire porter la responsabilité de l’instabilité sur les parlementaires qui ont censuré un gouvernement impopulaire, quand on est garant des institutions, ce n’est pas seulement grave, c’est une faute professionnelle : en inversant les rôles, Macron n’est plus garant de la Constitution, il la manipule.
C’est parce que les gouvernements refusent de faire des compromis avec les représentants du peuple qu’ils ont recours au 49.3. Ce n’est pas aux députés de faire des compromis concernant le politique du gouvernement : ce sont les députés qui sont légitimes devant le peuple, pas les ministres, même s’ils sont nommés par un président élu au suffrage universel.
– Neige